Batilibre réconcilie le BTP avec la nature
Isoler votre maison à l'aide de roseaux sauvages : vous n'y auriez pas pensé ? C'est pourtant devenu l'activité principale de Batilibre, entreprise alsacienne spécialisée dans l'isolation des bâtiments. Un choix délibéré pour son fondateur, dans une région depuis longtemps tournée vers l'écologie.

Ils sont peu en France à proposer cette prestation. Il y a trois ans, les cinq salariés de l’entreprise Batilibre, fondée en 2009 à Haguenau dans l’Est de la France, se sont lancés dans l’isolation thermique et phonique des bâtiments à base de roseau, sous forme de broyat ou de panneaux de coffrage. « Comme la paille, le roseau est un excellent isolant, qui peut être utilisé aussi bien en intérieur qu’en extérieur« , précise Luc Moritz, le fondateur de la société. « Et le roseau a un gros avantage : c’est le champion de l’écologie. Car la laine de lin, la laine de coton ou la fibre de bois, lorsqu’ils sont utilisés pour l’isolation, doivent souvent être mélangées à certains adjuvants comme du plastique, ce qui n’est pas le cas du roseau« .

De plus, les roseaux sont abondants dans cette partie de l’est de la France, et l’entreprise cherche à passer en circuits courts : si sa matière première est actuellement importée de Hongrie, Batilibre vise un partenariat avec le parc naturel des Vosges du Nord, en Alsace et Moselle. « La région de Bitche regorge de roselières, qu’il faut de toute façon faucher régulièrement pour l’entretien des berges. Et bien sûr la récolte, qui a lieu en décembre et janvier, tient compte de la présence de la faune, et on évite le dérangement des animaux, comme les oiseaux qui y nichent « .

Le roseau, aux dernières normes énergétiques

Finalement, le roseau est intégré aux constructions de la manière suivante : sur le mur brut, après adjonction éventuelle d’une couche de béton végétal ou de laine de chanvre, le panneau de roseau est fixé puis reçoit une projection de terre et, enfin, un enduit de finition en argile et chaux. L’ensemble assure non seulement une isolation thermique de qualité, mais aussi une isolation par masse, ce qui permet une meilleure inertie, avec des bâtiments qui restent plus longtemps frais l’été et conservent la chaleur l’hiver.

« Tout cela est évidemment aux dernières normes environnementales RT 2012« , souligne Luc Moritz. « Du point de vue du bilan carbone, on peut difficilement faire mieux que le roseau, tant par la qualité de l’isolation du bâtiment obtenue, que de par le peu d’énergie ‘grise’, celle qui est nécessaire pour fabriquer l’isolant« . Et ce n’est pas un hasard si cette technique nous arrive par l’est : l’Allemagne a, dans l’utilisation de ce matériau, quelques années d’avance. Et l’écologie y est, comme en Alsace, une préoccupation intégrée à la plupart des procédés proposés à l’habitat particulier.

« Il ne faut pas croire non plus que le roseau ne peut servir qu’aux maisons individuelles et en milieu rural : nous avons même travaillé sur des appartements en plein Strasbourg« , insiste Luc Moritz, qui compte bientôt concourir aussi à un appel à projets de la région Grand Est. Et côté prix ? « Trente à trente-cinq euros le mètre carré, soit la gamme de prix du plâtre« . Depuis trois ans, Batilibre a installé ses panneaux de roseau sur une vingtaine de maisons, et la technique représente désormais l’essentiel de son activité : une performance pour une société de cette taille… qui sera sûrement appelée à se développer avec la lutte contre les déperditions énergétiques.

Raison sociale : Batilibre

Activité : isolation intérieure de bâtiments

Ville : Haguenau (Bas-Rhin)

Année de création : 2008

Dirigeant : Luc Moritz, 59 ans

Effectif : 5 personnes

CA : 250k €

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