Des outils interopérables Si les nouvelles pratiques restent à installer, les possibilités ouvertes par le numérique pour les chantiers sont multiples. « Un chantier, c’est de la coactivité, relève Alain Piquet. Plusieurs corps d’état interviennent, qui doivent s’adapter les uns aux autres. Chacun doit pouvoir lire les études de l’autre. Il faut mettre cela en place. […]

Des outils interopérables

Si les nouvelles pratiques restent à installer, les possibilités ouvertes par le numérique pour les chantiers sont multiples. « Un chantier, c’est de la coactivité, relève Alain Piquet. Plusieurs corps d’état interviennent, qui doivent s’adapter les uns aux autres. Chacun doit pouvoir lire les études de l’autre. Il faut mettre cela en place. C’est l’idée d’interopérabilité. »

Une notion vraiment centrale au coeur des outils d’aujourd’hui. Elle est d’autant plus cruciale que les bâtiments eux-mêmes évoluent et sont de plus en plus connectés. « Deux mots : partage et mutualisation », note Emmanuel François, président cofondateur de la Smart Buildings Alliance for Smart Cities, association réunissant les acteurs des smart cities et du bâtiment. Dans la ville de demain, les espaces sont partagés entre des personnes ou des usages, et les équipements et infrastructures sont mutualisés. « L’approche n’est plus en silos mais transverse », résume l’expert.

L’interopérabilité, c’est précisément l’idée qui est au coeur du Building Information Model (BIM), autrement dit, la maquette numérique, permettant à l’ensemble des acteurs d’un projet de construction de collaborer et d’échanger des informations. Si, dans les faits, il apparaît encore pour les TPE comme un horizon lointain, il est, dans le principe, un horizon à atteindre.

BulldozAir

C’est vrai avec l’externe, entre intervenants sur un même chantier. C’est par exemple ce que propose l’entreprise ­BulldozAir avec une application baptisée Blockbase qui permet de gérer des tâches, partager des informations, photos, plans, ou encore de générer des rapports (à partir de 29 euros par mois et par utilisateur). De son côté, la société Script&Go a développé BatiScript, un logiciel de suivi de chantier sur smartphone et tablette promettant, entre autres fonctionnalités, d’améliorer l’interaction avec les sous-traitants (à partir de 19 euros par mois).

Cela reste vrai, également, avec l’interne. Autrement dit, les outils numériques peuvent aider à augmenter la collaboration au coeur de l’entreprise. « Sur chantier, la prise de photos ou de mesures peut s’effectuer via une tablette [équipée d’une application de partage, NDLR]. Pendant que l’artisan discute avec le client, une personne à l’administratif a déjà récupéré le dossier et peut passer commande aux fournisseurs ou réaliser le devis », illustre Franck Le Gal. De quoi gagner en temps et en qualité de service et ainsi améliorer sa démarche commerciale.

Côté outils, Dispatcher de ­Redwit, par exemple, permet de visualiser un planning inter­actif de ses chantiers et de ­piloter ses ressources (hommes et matériels) tout en assurant une communication permanente au sein de l’entreprise (à partir de 15 euros par mois et par utilisateur).

Dispatcher

[Témoignages d’artisans]  » Comment le numérique me sert au quotidien  »

Gérant de l’entreprise vendéenne de peinture La Malle aux couleurs, Mickael Mallard a adopté le logiciel de retouche photo Spectrum il y a dix ans – quelques mois seulement pour la version 5. « Il y a pas mal d’astuces qui permettent d’obtenir des rendus très intéressants. C’est un potentiel énorme », témoigne l’artisan, qui apprécie particulière­ment le réalisme des rendus et la restitution optimale des perspectives. Un investissement de départ de 400 euros pour celui qui, s’étant formé en 2016, souhaite désormais aller plus loin en la matière en s’appuyant davantage sur le numérique pour communiquer.

Très sensibilisé à la question, Éric Lalande, dirigeant des Établissements Lalande, entreprise de menuiserie charpente, voit le numérique comme un outil commercial incontournable. Il utilise SketchUp (version gratuite) pour montrer à ses prospects à quoi ressemblera le produit fini. « C’est une aide à la vente. En revanche, cela ne compense pas la qualité du produit fini. » Autrement dit, rien ne sert d’utiliser le numérique sans offrir une qualité de prestation irréprochable, qui est la première des exigences. Déjà extrêmement avisé sur le BIM, l’artisan évangélise sur la question, même s’il n’est pas encore équipé.

Dirigeant de la PME d’électricité Destais. Alain Piquet fait figure de précurseur sur le digital et le BIM. Équipé de longue date côté administratif et comptabilité, réalisant ses devis sous Excel, il a acquis Revit, un logiciel BIM, en juin 2016. « Ce passage ne peut se faire sans les hommes. Cela suppose un vrai investissement en termes de matériel et en formation et accompagnement », témoigne le dirigeant, qui a dépensé 15 k€ pour la formation, l’ordinateur, le logiciel. Un technicien a ainsi été formé à l’outil durant trois semaines dans le cadre d’une montée en compétences d’un an et un second va l’être. « Nous embarquons toute la structure dans le projet. »

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