Alain Griset : « L’État doit montrer l’exemple en matière de simplification administrative »
Alain Griset a été nommé ministre délégué chargé des Petites et Moyennes Entreprises. À l'occasion d'une rencontre avec la presse professionnelle fin 2020, il a détaillé les premières actions mises en oeuvre par le Gouvernement pour soutenir les entreprises et accompagner la relance.

[Interview publiée en décembre 2020 dans Artisans Mag’]

Vous avez affirmé, lors de votre prise de fonction, vouloir défendre « la France qui se lève tôt », comment vous y prenez-vous ?

Alain Griset : L’objectif du gouvernement est clair : à la fois protéger les Français en limitant la circulation du virus et tout faire pour que l’activité économique se poursuive et que la vie des entreprises reprenne. Nous ne prenons pas ces mesures de restrictions de gaité de coeur.

Mon équipe et moi-même travaillons avec les ministères de la Santé et du Travail pour voir comment tous les secteurs, y compris ceux considérés comme les plus à risque, pourraient reprendre leur activité. Il est important de donner un peu de perspectives à toutes les professions qui ne peuvent pas exercer pour l’instant.

Qu’est-ce que vous pouvez faire pour soutenir les entreprises de proximité ?

Nous adaptons, au fur et à mesure de la situation sanitaire, tous les dispositifs d’accompagnement et de soutien qui ont été mis en place. C’est ce que nous avons fait pour accompagner les entreprises impactées par le nouveau confinement, nous avons renforcé et élargi l’aide au titre du fonds de solidarité, qui a été porté à 10 000 euros, prolongé la prise en charge à 100 % de l’activité partielle et mis en place des exonérations de charges notamment.

Par ailleurs, nous souhaitons préparer l’avenir de ces entreprises en améliorant leur environnement et en simplifiant certaines règles bâties pour des grands groupes et auxquelles toutes les petites entreprises ont du mal à s’adapter. Cela constituerait un gain de temps et réduirait les sources d’erreurs. Aujourd’hui, l’État doit montrer l’exemple en matière de simplification administrative.

Beaucoup d’entreprises ont-elles fait appel aux prêts garantis par l’État ?

120 milliards de prêts ont été accordés, dont beaucoup ont été attribués à des entreprises qui, en temps normal, n’en auraient pas bénéficié, compte tenu des règles de scoring des banques. L’État a décidé de garantir ces prêts à hauteur de 90 % et le taux de refus s’élève à 2,80 %. 600 000 entreprises en ont bénéficié, dont 94 % sont des TPE-PME. Pour qu’elles puissent les rembourser, nous avons négocié avec les banques des taux entre 1 % et 2,5 %.

Au regard de la situation sanitaire, nous avons permis que les entreprises qui le souhaitent puissent reporter le remboursement du PGE une année de plus ; ils pourraient donc ne commencer à rembourser leur prêt qu’en 2022. C’est un élément de sérénité pour les entrepreneurs. L’accès au PGE est étendu jusqu’au 30 juin 2021 pour les entreprises qui auraient des difficultés de trésorerie.

Avez-vous, malgré cela, constaté des défaillances d’entreprise ?

Dans une vie normale, sans virus, environ 50 000 entreprises ferment chaque année. À ce stade nous n’avons pas enregistré plus de défaillance en 2020 qu’en 2019. Depuis le début de la crise sanitaire, nous avons soutenu les entreprises pour éviter les défaillances. Et nous continuerons de le faire ! Nous avons eu plutôt une bonne surprise en mai-juin-juillet et août en constatant que l’activité économique avait repris, nous étions à 95 % de l’activité en août. L’économie repose sur la confiance.

Dans l’incertitude, les Français consomment moins, ce qui explique que près de 100 milliards d’économies ont été épargnées par certains Français, pas tous, car beaucoup de Français ont des difficultés. Si cet argent pouvait être investi, ce serait bien.

Comment préparez-vous la fin de l’année qui va se montrer difficile ?

La première de nos responsabilités, c’est de faire en sorte que la situation sanitaire s’améliore. Si c’est le cas, les Français auront à coeur de consommer et de faire des projets. Dès que l’on aura trouvé un vaccin, l’économie repartira. D’ici là, il faut soutenir les entreprises et continuer de travailler sur les protocoles sanitaires pour garantir la protection des particuliers et des professionnels. Cependant, le changement de comportement du consommateur qui s’est accéléré du fait de la crise sanitaire (commandes sur Internet, désir d’une société plus verte…), nécessite que l’ensemble des secteurs s’adapte à cette situation.

Vous êtes l’ancien président de l’U2P. Qu’est-ce que cette longue expérience associative apporte à votre fonction aujourd’hui ?

Je connais par coeur cette organisation et la vision qu’ils ont de ma fonction aujourd’hui. Comme les autres organisations interprofessionnelles, ils jouent leur rôle et ils savent où me trouver. Ils ont des revendications, c’est légitime, et nous saurons y répondre.

Quelles sont les aides réservées aux TPE artisans dans le cadre du plan de relance ?

Dans le Plan de relance, 25 milliards d’euros sont directement fléchés vers les PME et les TPE, mais nous estimons que le total des aides directes et indirectes peut atteindre 40 milliards d’euros pour ces entreprises. Les aides en direction du bâtiment concernent principalement les travaux lancés par des collectivités et les travaux chez les particuliers, avec la perspective de plusieurs années d’activité économique.

Les indépendants pourront aussi bénéficier de 100 millions d’euros pour faire des investissements de rénovation énergétique dans leurs locaux. Au total, 7 milliards d’euros vont être consacrés à la rénovation énergétique des bâtiments, dont le secteur est composé principalement de TPE et PME. Enfin, des foncières vont être créées d’ici la fin du premier semestre 2021 afin de rénover 6 000 locaux destinés aux entreprises, indépendants et professions libérales pour faciliter leur installation en centre-ville et centre bourgs.

Comment faire pour que les entreprises bénéficient réellement de ces aides ?

Vous avez raison, bien souvent, les entreprises n’utilisent pas les 1791 aides qui existent. Le plan de relance a été pensé pour être visible et pour que l’argent disponible soit utilisé, car c’est essentiel. L’objectif que le Premier ministre nous a fixé est que 30 % du Plan de relance soit réalisé pour 2021. Nous allons adapter nos méthodes et diffuser l’information sur l’ensemble du territoire, afin que le plus d’entreprises possibles soient concernées.

Les artisans, au même titre que les commerçants, sont-ils concernés par les nouvelles aides à l’embauche ?

Toutes les mesures qui concernent l’apprentissage et qui avaient déjà été annoncées, mais qui font partie du Plan de relance, sont directement destinées aux TPE-PME. Et les premières remontées que nous avons, montrent que les entreprises continuent à recruter beaucoup d’apprentis.

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