Coopératives de rénovation : une opportunité à saisir
Interlocuteur unique, développement de l'activité, meilleure organisation, partage de compétences et entraide... la coopération entre artisans, en particulier dans la rénovation, présente un intérêt évident. Mais le respect des règles est primordial.

L’union fait la force. La devise s’applique également à ces artisans qui se regroupent en coopératives pour développer leur activité en bénéficiant d’une représentation équitable (un associé = une voix) au sein de la structure. Un phénomène ancien mais qui prend, ces dernières années, une ­importance toute particulière alors que l’activité du bâtiment repart doucement depuis le début 2016.

En témoigne, le nombre élevé de coopératives dénombrées aujourd’hui : 130 coopératives soit 1 145 entreprises pour la Fédération française des artisans coopérateurs du bâtiment (FFACB). Dans le giron de l’Union française des coopératives artisanales de construction (UFCAC), une cinquantaine de groupements sont recensés, soit plus de 600 professionnels.

Dominique Picoron

Parmi eux, les métiers de la rénovation profitent également de cette impulsion. Dominique Picoron, président de la FFACB l’atteste :  » C’est un des remèdes à la crise. Les groupements dans la rénovation s’envolent depuis ces trois dernières années. « 

Un outil de développement

Un essor qui reflète d’abord le besoin pour les prospects de bénéficier de plusieurs corps de métiers sur les chantiers de rénovation, sans avoir à gérer chaque étape du processus. «  Le client n’a qu’un seul interlocuteur. L’ensemble des travaux est coordonné par le chef de chantier qui fait appel aux artisans coopérateurs « , indique Christophe Marais, qui dirige le groupement Artisans-Reno près de Toulouse.

Un constat partagé par Pascal Sicot, secrétaire général de l’UFCAC :  » Faire appel à une coopérative d’artisans permet de rassurer le client et d’établir une relation de confiance grâce à cet interlocuteur unique.  » Un sentiment de sécurité pour le client qui se traduit par les protections qu’offrent les artisans. Outre les assurances professionnelles individuelles (responsabilité civile et décennale), la coopération permet également de profiter de la garantie de parfait achèvement (construction neuve) ainsi que de l’assurance dommages-ouvrages. Valable dix ans pour la construction et la rénovation, elle couvre les sinistres sans attendre une décision de justice.

Pascal Sicot

Le groupement formel d’artisans consacre un moyen pérenne de s’affirmer sur le marché et renforcer sa présence auprès de la concurrence.  » Dans la mesure où nous proposons des solutions clés en main à nos clients, cette opportunité constitue un très bon placement sur le marché « , précise le représentant de l’UFCAC, également artisan coopérateur dans le Maine-et-Loire, à Espace 21. Un outil mobilisable pour  » se positionner lors d’appels d’offres ou face aux listes d’artisans des enseignes de bricolage « .

Travailler en équipe est également attractif sur le plan du développement de l’activité à travers la mutualisation de la production. Les coopératives ont, par exemple, la possibilité d’être certifiées RGE « offre globale » pour faire bénéficier au prospect des crédits d’impôts. «  Cela assure une prise en charge du crédit d’impôt sur l’ensemble des travaux de rénovation énergétique et lui évite de monter un dossier pour chaque corps de métiers « , précise Dominique Picoron, qui dirige également le groupement Maison Artisans Réunis dans les Pays de la Loire. «  Un atout primordial dans la décision du client « , selon lui.

 » Faire appel à une coopérative d’artisans permet de rassurer le client.  »

Pascal Sicot, secrétaire général de l’UFCAC

Ce type de structure demeure, par ailleurs, une chance indéniable dans l’établissement d’un plan de communication, à l’instar du bouche à oreille. «  Quand on est groupé, les moyens d’investissement sont plus importants que seul « , relève Dominique Picoron, qui prône notamment la mise en place d’une stratégie de communication. La visibilité du groupement se répercutera ainsi sur chaque entreprise associée.

La gouvernance des coopératives répond de surcroît aux besoins d’organisation et de gestion d’une entreprise artisanale. Devis, facturation, crédits d’impôts, plannings… les formalités sont nombreuses et parfois complexes. La mise en place d’une structure interne – avec un référent et une secrétaire – permet à l’artisan de se consacrer pleinement aux chantiers sans devoir perdre du temps dans des démarches chronophages. «  Nous avons une ­collaboration avec quelqu’un qui vend ses services de gestion pour nos artisans « , indique ­Christophe Marais. Et d’ajouter :  » C’est un avantage indéniable de bénéficier d’une aide sur la partie administrative, on gagne un temps précieux « .

Si les bénéfices en termes d’activité sont indéniables, la coopération entre artisans suppose en retour le respect de certaines règles de collaboration.  » Il y a des prérequis à l’intégration dans un groupement. Tous les artisans ne sont pas capables de travailler de cette manière « , prévient Dominique Picoron. En premier lieu, la coopération suppose une volonté des artisans de partage et d’entraide. Une synergie qui participe au développement de la structure à travers la transmission de contacts et le partage des compétences.

Un engagement commun

Le président de la FFACB remarque que  » les groupes formellement structurés souhaitent aller plus loin ensemble que la simple proximité qui existe chez les artisans « . Un constat amplifié par la volonté des artisans d’établir une relation de confiance. « Travailler en groupement ne s’improvise pas et nécessite des capacités humaines, renchérit Pascal Sicot. Il faut être solidaire.  »

 » Il y a des prérequis à l’intégration dans un groupement. Tous les artisans ne sont pas capables de travailler de cette manière.  »

Dominique Picoron, président de la FFACB

Cette solidarité pointe, par ailleurs, un devoir de responsabilité qui incombe aux membres coopérateurs. «  Il doit y avoir un respect des règles, des autres artisans et également des plannings de chantiers « , avance Christophe Marais pour qui «  cela suppose d’être honnête  » .

Si l’opportunité d’intégrer un groupement d’artisans s’avère ­pertinente pour son activité, intégrer en parallèle une coopérative d’achat est également conseillé. «  Ces deux types de coopératives sont complémentaires afin que les ­artisans ne soient plus tributaires des distributeurs « , atteste Pascal Sicot.

En revanche, il met en garde contre une activité basée exclusivement sur des chantiers issus de la coopérative. Et d’avertir : «  Nous conseillons de réaliser 20 à 30 % de leur activité en ­coopérative et le reste en individuel.  » Perte de marchés, dissensions, conflits, les risques peuvent être importants et mener jusqu’à ­l’arrêt pur et simple du groupement.

 » Mon chiffre d’affaires a progressé de 30 %  »

«  J’obtiens des chantiers auxquels je n’avais pas accès auparavant  » , explique d’emblée Jean-Alain Le Quéré, artisan couvreur à Plomelin, près de Quimper (Finistère). Le patron de l’entreprise Au confort du toit ne regrette pas de s’être mêlé à l’aventure de la coopération. Le lancement en 2011 de la coopérative Ma Maison 29 (49 artisans du Finistère) que l’artisan breton a rejoint a eu un effet positif sur son activité. «  Mon chiffre d’affaires a progressé de 30 % depuis que je suis en coopérative et j’ai pu embaucher. Nous sommes neuf aujourd’hui alors que nous n’étions que cinq au départ « , affirme-t-il, estimant qu’il consacre 15 à 20 % de son activité pour la coopérative.

Mais bien plus que l’argument financier, Jean-Alain Le Quéré y voit des effets positifs sur sa relation au travail.  » On ne se sent plus seul. Entre nous, on est solidaire et on s’entraide. On va dans le sens du client et des artisans, ce qui nous permet de retrouver les fondamentaux de notre métier : entraide, qualité et juste prix « , assure le dirigeant. Un pari gagnant qu’il porte au sein de l’UFCAC en tant que président.

Repères

Raison sociale : SAS Au confort du toit
Activité : couverture
Siège social : Plomelin (Finistère)
Année de création : 1998
Dirigeant : Jean-Alain Le Quéré, 50 ans
Effectif : 8 salariés
CA 2015 : 1,2 M€

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