Pompes à chaleur : une obligation de maintenance clarifiée
Quelle que soit la nature de la pompe à chaleur, si sa puissance est comprise entre 4 et 70 kW, une maintenance approfondie doit être effectuée tous les deux ans. Évidemment par un professionnel qualifié. Le législateur a donc tout prévu. Décryptage.

Malgré la crise, le marché de la pompe à chaleur – PAC pour les intimes – se porte plutôt bien. D’autant que les ventes ont été boostées par la fin prochaine des appareils au fioul : à compter du 1er janvier 2022, il sera interdit d’installer une chaudière au fioul neuve dans les logements existants ; dans le neuf, l’interdiction prend même effet le 1er juillet de cette année. Objectif : remplacer, d’ici à 2028, la quasi-totalité des chaudières pétaradantes par des modèles plus écologiques, donc propres et économes.

Aussi, trouve-t-on désormais des PAC un peu partout en France. Il y en aurait déjà plus de 4,7 millions et ce chiffre augmente régulièrement selon l’Afpac (Association française pour la pompe à chaleur). Bref, même si on constate un ralentissement des ventes dû aux effets de la crise sanitaire actuelle, les PAC aérothermiques (air-air et air-eau), géothermiques (sol-sol et sol-eau) ou aquathermique (eau-eau) sont plébiscités par les Français.

Impératifs de sécurité

De leur côté, les installateurs se frottent les mains. Les PAC se vendent encore bien, malgré un BTP en perte de vitesse, et il faut, désormais, les maintenir obligatoirement en bon état. Car c’est la loi qui l’exige. En l’occurrence, le décret d’application n° 2020-912 du 28 juillet 2020, publié le 29 juillet 2020 au Journal officiel. La maintenance des PAC doit être effectuée tous les deux ans. En clair, toutes les PAC d’une puissance comprise entre 4 et 70 kW doivent être entretenues en bonne et due forme. « C’est une avancée importante, car le nombre de pompes à chaleur installées dépasse aujourd’hui le parc de chaudières au fioul. Or, les PAC s’entretiennent tout autant que les appareils au fioul », souligne-t-on au ministère de la Transition écologique et solidaire.

On rappelle, au passage qu’il en va de la sécurité des particuliers. D’ailleurs, comment la maintenance s’organise-t-elle ? Selon l’Afpac, l’idéal en matière de maintenance reste le fameux contrat d’entretien, du même type que celui couramment établi pour les chaudières classiques. Le particulier s’acquitte d’une somme comprise entre 120 à 150 euros pour une PAC air-eau, par exemple, et d’une cinquantaine d’euros par split (l’appareil mural divisé en deux blocs ou plus, et qui est relié à une pompe à chaleur extérieure).

Contrôles tous azimuts

Pour une somme relativement modique, le particulier aura droit à une intervention menée dans les règles de l’art par un technicien perspicace à l’oeil aiguisé ; celui-ci aura sans doute été formé spécialement par l’Afpac (formation Qalipac, entre autres). Une fois sur place, que faut-il inspecter ? Évidemment, tout ce qui ressemble à une pompe à chaleur.

Premier contrôle, les composants, dont l’usure peut causer un fonctionnement étrangement bruyant de la pompe à chaleur. D’ailleurs, comme pour une voiture, on ne manquera pas de faire les niveaux d’huile. Dans l’éventualité d’une fuite légère, un simple colmatage peut suffire. En revanche, en cas d’installation défectueuse ou d’usure anormale des composants, un dépannage plus approfondi sera nécessaire. Le contrôle de l’étanchéité autour du circuit frigorifique est d’ailleurs essentiel.

Autre incontournable, le compresseur, qui doit être soigneusement ausculté, même s’il est rare qu’il rende l’âme prématurément. S’il ne démarre pas, il est possible que ce soit dû à un problème électrique, voire à une sécurité restée enclenchée. Si le compresseur ne s’arrête plus, il faudra vérifier que l’apport en fluide frigorigène n’est pas trop faible ou, au contraire, trop important. À ne pas négliger, surtout en hiver, le givre, qui peut également altérer le fonctionnement de l’échangeur de l’unité extérieure.

Autre point de contrôle : l’état du système. Encrassé, il sera nettoyé dans les moindres recoins pour éviter l’obstruction de l’échangeur, donc le passage de l’air. Cette opération de nettoyage devrait d’ailleurs être effectuée par le particulier dans le cadre d’un entretien régulier et peu intrusif de son installation. Enfin, la solidité du détendeur sera évaluée pour qu’il ne se bloque pas. En effet, un grippage entraîne un défaut de pression.

Dans ce cas, il faudra remplacer le gaz frigorigène. Le défaut de pression, souvent dû à une mauvaise régulation de l’échange thermique, trouve son origine au niveau des circulateurs ou des ventilateurs. Parfois, un simple nettoyage suffit à résoudre le problème. Et comme les PAC restent des appareils modernes, ils sont très souvent agrémentés d’un écran sur lequel on pourra identifier les pannes principales grâce à une série de codes. Bref, un jeu d’enfant… ou presque.

Les points clés de l’entretien selon l’arrêté du 24 juillet 2020

Le premier entretien d’un système thermodynamique neuf doit être effectué au plus tard deux ans après son installation.

Générateur de chaleur ou de froid

Pour tous les systèmes thermodynamiques, il faut :

– relever des températures de l’unité intérieure et de l’unité extérieure et vérification du bon fonctionnement ;

– vérifier le fonctionnement de l’inversion de cycle, lorsque c’est possible ;

– vérifier l’enclenchement des appoints ;

– mesurer les tensions électriques statiques et dynamiques.

Systèmes aérothermiques :

– vérifier de l’échangeur de l’unité extérieure et nettoyage si besoin ;

– nettoyer et décrasser l’unité intérieure et le filtre.

Système de distribution

Pour les systèmes de distribution par boucle d’eau, il faut :

– contrôler l’embouement lié au phénomène d’hydrolyse ;

– purger les bulles d’air du circuit lorsque le purgeur est fonctionnel et accessible ;

– contrôler la pression ;

– vérifier le fonctionnement des circulateurs ;

– vérifier et nettoyer le filtre sur la boucle d’eau, si nécessaire ;

– contrôler la pression de gonflage des vases d’expansion avec regonflage, si nécessaire.

Pour les systèmes de distribution par vecteur air, il faut :

– vérifier l’état des gaines accessibles ;

– vérifier et nettoyer avec désinfection, si nécessaire, de l’unité intérieure et du filtre ;

– vérifier le fonctionnement du ventilateur.

À l’issue de l’entretien, une « attestation d’entretien pompe à chaleur » peut être délivrée au particulier (à télécharger ici : ).

Commentaires

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *