Matériaux biosourcés : une source de profits
Utiliser les matériaux biosourcés dans la construction peut être profitable à bien des égards. Les sociétés qui se positionnent sur les bons créneaux en tirent un profit économique. Toute la planète pourrait, à terme, s'en trouver mieux.

La définition d’un matériau biosourcé est simple : ces termes désignent des matériaux intégrant dans leur composition de la biomasse, générale-ment d’origine végétale, parfois d’origine animale, tels le bois, le chanvre, la paille, ou encore la laine de mouton. Selon Virginie Gautier, responsable développement et communication chez Karibati, bureau d’expertise spécialisé dans le bâtiment biosourcé, ces matériaux se divisent en cinq grandes catégories.

Le poste le plus important est celui des isolants, où règnent les fibres de bois, chanvre ou coton ; la paille ; la ouate de cellulose ou encore le coton recyclé. Deuxièmement, le bois d’oeuvre, dont la filière est déjà bien développée. En troisième, Virginie Gautier cite « la construction paille, avec les solutions constructives propres à ce matériau et des règles professionnelles, édictées en 2012, pour les fonctions d’isolation et de support d’en duit. »

La quatrième catégorie est celle des bétons végétaux, principalement de chanvre, parfois de bois, et, en développement, de colza ou de miscanthus. Dans tous les cas, un granulat végétal associé à un liant minéral permet d’obtenir un béton remplissant des fonctions isolantes, mais non-porteur. Viennent enfin les aménagements intérieurs.

Avantages et inconvénients

« Ce sont des matériaux qui peuvent être très intéressants du point de vue environnemental, car ils ont recours à des ressources renouvelables, argumente Virginie Gautier. Ce sont aussi des matériaux moins transformés, donc moins éner-givores à la fabrication. » Sans oublier leur plus grand atout : le stockage carbone, puisque les plantes dont ils sont généralement issus ont capté du CO2 durant leur croissance. « Par ailleurs, poursuit la responsable développement de Karibati, ces matériaux apportent un vrai confort, leurs performances hygrothermiques permettant le transfert de vapeur d’eau à travers les parois, ce qui amortit les variations du taux d’humidité à l’intérieur du bâtiment. »

Et ils assurent aussi une meilleure qualité de l’air intérieur en étant généralement peu, ou pas, émissifs de composés orga-niques volatils (COV). Côté négatif, le principal problème est le prix, le biosourcé restant dans 90 % des cas plus onéreux que des matériaux conventionnels. « Mais on peut maîtriser les coûts, assure Virginie Gautier. Il faut anticiper, avoir un projet intégrantles matériaux biosourcés dès la conception. » L’autre grand frein à l’usage du biosourcé est l’approvisionnement.

Si, aujourd’hui, des PME françaises sont capables de répondre à de grosses commandes de matériaux biosourcés manufacturés, utiliser des matériaux bruts, comme la paille, demande davantage de recherches. Et peu d‘artisans sont pour l’instant capables de mettre en oeuvre ces matériaux quand une compétence spécifique est requise – ce qui n’est pas le cas des isolants ou des éléments préfabriqués. « Pour commencer, conseille Virginie Gautier, le plussimple est d’utiliser les isolants, pour voir quelles sont les entreprises, les filières, les ressources utilisées. C’est une bonne introduction pour ensuite aller plus loin, et ce n’est pas un poste qui impacte beaucoup le coût final du bâtiment. »

75% des cas d’usage de matériaux biosourcés sont dus à la demande d’un client.*

73% des entreprises artisanales du bâtiment connaissent les matériaux biosourcés mais seuls 36% en ont déjà utilisé.

*Source : « Enquête sur les perceptions, pratiques et attentes des entreprises artisanales en région » réalisée par Nomadéis en partenariat avec l’ADEME et le Ministère de l’écologie en janvier 2015.

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