Véhicule utilitaire : quel choix pour passer à l’électrique ?
Faut-il passer au 100 % électrique ? Dans les entreprises qui ont la transition énergétique et la réduction de leur empreinte carbone en ligne de mire, la question se pose. La réponse dépend d'abord de vos besoins.

Le choix d’un véhicule 100 % électrique (VE) mérite réflexion. Désormais l’offre des constructeurs est là et les énergéticiens proposent de multiples solutions adaptées pour des bornes de recharge au bureau et à domicile tandis que le réseau public continue à se déployer. Ce dernier apparaît comme le maillon faible : les points de recharge, mal entretenus, peu surveillés, sont encore trop souvent dégradés et par conséquent indisponibles. Dommage, car l’interopérabilité des réseaux français et même européens facilite grandement l’usage des véhicules électriques même en itinérance.

Soyons pourtant objectifs : les pouvoirs publics ne ménagent pas leur peine et prennent des mesures pour que le « droit à la prise » devienne une réalité. C’était déjà le cas pour les copropriétaires. Un décret du 24 décembre 2020 étend la règle aux locataires qui disposent d’une place de stationnement dans un parc d’accès sécurisé à usage privatif. Par ailleurs, un décret du 14 février 2021 oblige à équiper toutes les aires de service du réseau autoroutier d’ici au 1er janvier 2023. Les services de l’État, enfin, se mobilisent aussi pour accélérer l’implantation de bornes de recharge rapide sur le réseau routier national.

Les constructeurs français multiplient leur offre

Les réticences à passer au tout électrique sont encore grandes même si 2020 a été une année exceptionnelle avec une progression à trois chiffres par rapport à 2019. Les pouvoirs publics qui ont poursuivi leur politique de bonus souvent abondé par les collectivités territoriales, n’y sont pas pour rien. Quant aux constructeurs poussés par la mise en oeuvre au 1er janvier 2021, sur la base des chiffres de véhicules neufs vendus en 2020, de la réglementation CAFE (Corporate Average Fuel Economy) qui les oblige à abaisser leur taux moyen d’émissions de CO2 pour atteindre globalement 147 g/km pour les utilitaires légers, ils ont multiplié les nouveaux modèles.

Renault a fait évoluer ses gammes, mais le Kangoo Van continue à « cartonner » alors qu’une nouvelle génération apparaîtra cet automne. La « petite » Zoé ne manque pas d’attrait en 2 places et avec un grand espace à l’arrière tandis que le Master Z.E. se démultiplie. Ce grand fourgon électrique est désormais commercialisé en plancher-cabine, châssis cabine, 3 longueurs et 2 hauteurs avec PTAC de 3,1 ou 3,5 tonnes pour une charge utile jusqu’à 1 700 kg. Le (nouveau) groupe Stellantis, fusion de PSA-Fiat Chrysler, se distingue dans la bataille du VUL 100 % électrique. Il a remporté le titre d' »Utilitaire de l’année » avec les fourgons compacts Citroën ë-Jumper, Opel Vivaro-e et Peugeot e-Expert auxquels il faut associer le Toyota ProAce Eclectric qui sort des mêmes chaînes du nord de la France.

Toyota cherche à « sortir du lot » en garantissant le ProAce 3 ans/100 000 km et en proposant, en série, le système Moduwok qui permet de gagner 1,16 m en longueur utile. Ces utilitaires sont, comme leurs homologues thermiques, proposés en 3 longueurs et en versions fourgons tôlés, cabine approfondie, transports de personnes ou encore plancher-cabine. Leur moteur de 136 ch a un couple maxi de 260 Nm. Sa batterie lithium-ion d’une capacité de 50 kWh, permet de parcourir jusqu’à 230 km selon le protocole d’homologation WLTP, avec celle de 75 kWh, l’autonomie est de 100 km de plus.

C’est l’ensemble des gammes Citroën, Opel et Peugeot qui est désormais décliné en véhicules « zéro émission ». Aussi le mini-fourgon ë-Berlingo et le grand fourgon ë-Jumper de la marque aux chevrons, ont-ils leur équivalent aux couleurs des deux autres marques ce qui laisse un large choix aux clients. Chez Fiat, la nouveauté est la déclinaison en 100 % électrique du grand fourgon Ducato. L’e-Ducato est proposé en 4 longueurs et de très nombreuses versions fourgons de 10 à 17 m3 ou châssis-cabine. Il se distingue par sa charge utile jusqu’à 1 885 kg, ses deux capacités de batteries qui lui donnent jusqu’à 370 km d’autonomie en cycle urbain, ses deux niveaux de finition, Pack et Evoluzione, ou encore par ses 5 ans de garantie (au lancement).

Toujours en Italie, un peu à part cependant, la gamme Iveco Daily Electric mérite attention pour sa diversité, sa charge utile sans concurrence (jusqu’à 2 640 kg) et ses volumes de charge de 7,3 à 17,2 m3. Ce petit camion est équipé de 2 à 4 batteries sodium-chlorure de nickel pour des autonomies de 90 à 130 km en circulation urbaine.

Les allemands sont des concurrents redoutables

En Allemagne toujours, Mercedes-Benz Vans a une offre conséquente. Ses ventes d’eVito et d’eSprinter s’envolent. Destiné au transport de passagers, l’EQV300 est plus proche d’une berline de luxe que d’un utilitaire. Il est disponible en 2 longueurs et peut recevoir à son bord jusqu’à 8 personnes. Son moteur de 204 ch est particulièrement dynamique et sa batterie de 90 kWh lui donne une autonomie de 300 à 350 km. L’EQV se recharge de 10 à 80 % en une quarantaine de minutes sur une borne de recharge rapide délivrant au moins 100 kW. Attention, ce véhicule « Premium » a un prix… « Premium ».

Volkswagen a aussi une offre 100 % électrique avec un e-Crafter qui offre un volume de chargement jusqu’à 10,3 m3 pour une charge utile maxi de 950 kg. L’e-Crafter dont le moteur développe 136 ch, a une autonomie limitée à 115 km (WLTP) et une batterie qui peut se recharger sur une borne de 45 kW à 80 % en 45 minutes. L’e-Crafter est fabriqué dans une usine polonaise où est produit, sur la même chaîne, le plus petit des véhicules du constructeur Man, le TGE qui se décline aussi en une version eTGE.

À côté de son grand fourgon e-Crafter, le constructeur de Wolfsburg propose un Transporter 6.1 mis au point en association avec un spécialiste ABT e-Line. Ce fourgon compact a un volume de chargement utile de 6,7 m3 pour une charge maxi de 1 100 kg. Bridé à 90 km/h, il peut parcourir 138 km (WLTP). Sa batterie de 37,3 kWh se recharge à 80 % en 350 minutes sur une Wallbox de 7,2 kW.

Des modèles originaux

Nissan permet aussi de passer à l’électrique avec le e-NV200. Ce mini-fourgon qui doit tout (ou presque) au Kangoo, se décline en une astucieuse version XL Voltia conçue par le carrossier slovaque Voltia et réalisée par le carrossier-constructeur Gruau. Son volume de chargement utile passe de 4,20 m3 à 8 m3 – le volume d’un fourgon compact – tout en gardant une autonomie maximum de 240 km.

Enfin, ceux qui cherchent un utilitaire ultra-compact, costaud et qui peut s’adapter à tous les métiers, se ­tourneront vers la marque lot-et-garonnaise Goupil. Avec son dernier modèle, le G6, il est possible de rouler 150 km : le micro-fourgon qui a un volume est de 9 m3 et une charge utile de 637 kg, se distingue par son adaptabilité et sa polyvalence. Un choix différent et pour la ville, intelligent.

Une dernière question : à qui s’adressent les véhicules 100 % électriques ? À tous les professionnels qui veulent pénétrer au coeur des villes et en particulier dans celles qui ont instauré une zone à faibles émissions mobilité (ZFE-m), et cela, que les utilisateurs aient besoin d’un véhicule-atelier, qu’ils doivent livrer des colis ou transporter des personnes. Avec les utilitaires « zéro émission », la mobilité électrique est bien en marche.

Quoiqu’il en coûte

Les véhicules 100 % électriques (VE) ont désormais des TCO (Total cost of ownership ou coût global de possession) qui se rapprochent de ceux des véhicules thermiques. Trois raisons à cela :

– des aides gouvernementales et une fiscalité avantageuse : la grille des bonus n’est pas des plus simples ! Jusqu’au 30 juin 2021, un VE de moins de 45 000 euros bénéficie d’un bonus plafonné à 27 % du prix de vente avec un maximum de 5 000 euros pour une entreprise (7 000 euros pour un particulier). Ce bonus est de 3 000 euros pour un VE dont le prix est compris entre 45 000 et 60 000 euros. Au 1er juillet 2021, ces bonus seront réduits de 1 000 euros et à nouveau de 1 000 euros le 1er janvier 2022. Dans la plupart des régions métropolitaines, les VE ne paient pas de taxe sur le certificat d’immatriculation et de nombreuses collectivités locales les autorisent à stationner gratuitement ;

– le dynamisme du marché d’occasion : c’est déterminant parce que plus la valeur de revente est élevée, plus le TCO est bas ;

– des frais d’entretien et de réduits : le budget « maintenance » d’un VUL 100 % électrique est bien élevé que celui d’un VUL thermique. Attention toutefois à l’usure prématurée des pneumatiques surtout si les charges transportées sont importantes. Recharger les batteries est bien moins coûteux que faire le plein de carburant même si on peut avoir de mauvaises surprises sur certains réseaux de recharge ultra-rapide.

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