L’écoconstruction se rêve en filière d’avenir
Si le secteur du bâtiment n'échappe pas à la réflexion sur son impact environnemental, l'écoconstruction défend une démarche singulière au sein de laquelle l'approche durable et intégrée du cycle de vie du bâti prime tout autant que le processus de construction.

Le bâtiment fait aujourd’hui face à un constat implacable. Plus du quart des émissions totales annuelles de CO2, en France, sont émises par le secteur de la construction. Son caractère énergivore est également en cause avec près de 45 % de l’énergie consommée chaque année par les entreprises du bâtiment en 2014, selon le ministère de l’Environnement.

Les réglementations thermiques (2005 et 2012), les lois Grenelle 1 et 2 (2009 et 2010) et la loi de Transition énergétique (2015) orchestrent les nouvelles orientations en matière d’un renforcement de l’approche environnementale dans le bâtiment. Face à cette situation, des artisans misent sur l’écoconstruction.  » Tout un corps de la profession, déjà sensibilisé à ces questions, est positionné sur la construction durable. Malgré tout, on reste sur une minorité « , assure Jacques Chevalier, chef de la division Environnement au Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB).

 » Tout un corps de la profession est positionné sur la construction durable. « 
Jacques Chevalier, chef de la division Environnement au CSTB

Le marché de la rénovation est également impliqué.  » Les 63 000 artisans qualifiés RGE sont déjà sensibilisés à ces questions. Ils sont concernés par le marché de la construction durable et plus spécifiquement celui de la rénovation en résidentiel « , ajoute Jean Passini, président de la commission environnement et construction durable à la FFB.

En favorisant la diminution de l’impact du bâti sur l’environnement à travers la sélection de matériaux respectueux de l’environnement, la gestion des énergies, des déchets et de l’eau ainsi que la prise en compte de la santé des usagers, l’écoconstruction  » s’appuie sur une démarche intégrée qui prend en compte l’ensemble du cycle de vie du bâtiment et plus seulement le moment de son exploitation « , explique Jacques Chevalier.

Si elle n’est cependant pas récente,  » la nouveauté réside dans la quantification des performances à tous les niveaux et plus seulement en matière d’économies d’énergies « , précise l’expert du CSTB.

Deux filières motrices

Une approche qui devient, aujourd’hui, un réel enjeu et s’appuie sur deux filières ­prometteuses : les matériaux de structure et d’enveloppe ainsi que les systèmes d’énergies renouvelables.

Parmi ces matériaux, la brique en terre cuite s’impose comme le leader pour la construction de logements, selon la Fédération française des tuiles et briques (FFTB). Plébiscitée pour ses qualités techniques et énergétiques, la brique durable a vu ses parts de marché dans le logement presque doubler en dix ans.

Le bois tient également une place non négligeable. Avec un chiffre d’affaires estimé à 1,89 milliard d’euros (2014), la construction bois se déploie, appuyée par les 2 197 entreprises dénombrées en 2015.  » Aujourd’hui, nous vivons un début de reprise. Il faut continuer dans ce sens pour développer la filière « , précise Loïc de Saint-Quentin, secrétaire général du syndicat Afcobois. Entre 2012 et 2014, ses parts de marché ont augmenté de 10 % dans le logement individuel.

Une progression qui est à lier au déploiement de techniques d’isolation durable.  » L’ossature bois est très souvent assimilée à la performance énergétique grâce au matériau mais également aux solutions d’isolation « , ajoute le secrétaire général du syndicat. Outre la fibre de bois –  » la plus importante aujourd’hui  » – l’utilisation de la paille prospère, comme l’illustrent les 500 nouvelles constructions réalisées chaque année, selon les chiffres du Réseau de la construction paille (RFCP).

En parallèle, les problématiques liées à l’efficacité énergétique participent à l’essor de nouvelles solutions. À travers la conception bioclimatique, d’abord, qui maximise l’orientation du bâtiment en fonction du soleil.  » C’est un aspect indispensable de l’écoconstruction. Un bâtiment mieux pensé aura des performances bien supérieures  » , renchérit Jacques Chevalier.

Un choix auquel souscrit Axel Richard, chargé de mission énergies renouvelables et bâtiment au Syndicat des énergies renouvelables (SER) : «  L’objectif aujourd’hui est d’optimiser les apports solaires en les conciliant aux énergies renouvelables.  »

Pilier de l’écoconstruction, le marché des énergies vertes contribue aussi au développement du secteur. Si, aujourd’hui, près de 15 % de l’énergie consommée par le bâtiment est d’origine renouvelable, la tendance du marché est à la ­stagnation. La croissance du photovoltaïque « a été divisée par deux entre 2013 et 2015 » , note le SER.

 » Il y a aujourd’hui de plus en plus d’énergies renouvelables dans l’individuel. La situation est plus délicate dans le résidentiel collectif, du fait, en partie, de certaines dérogations « , nuance Axel Richard. Malgré tout, la conjoncture varie en fonction des filières.  » Les marchés du bois domestique, des PAC géothermiques et du solaire thermique sont dans une situation de repli depuis trois ans. La clémence des températures l’hiver et la baisse des prix des énergies fossiles n’y sont pas étrangères « , ajoute-t-il.

« Avec le bois et la paille, on est en avance sur la réglementation »

Laurent Magne est un converti. En 2012, cet artisan prend conscience de l’intérêt que revêtent le bois et la paille dans la construction et décide de revendre son ancienne activité.  » J’ai suivi pendant quatre ans les réunions du RFCP et je me suis rendu compte que je ne trouvais aucun défaut à ces matériaux. J’ai franchi le cap et j’ai tout réinvesti dans ce challenge « , explique-t-il.

Dirigeant de la TPE Bati-Paille Constructions, à Dirac, l’entrepreneur s’est donc tourné vers la construction à ossature bois et l’isolation en paille. Un choix qu’il ne regrette pas.  » Aujourd’hui, je suis totalement convaincu par cette technique respectueuse de l’environnement. En termes d’efficacité énergétique et d’isolation, le bois et la paille ont tous les avantages possibles et sont largement supérieurs aux autres produits « , poursuit le dirigeant charentais qui ajoute que cela lui  » permet d’être en avance sur la prochaine réglementation avec des maisons passives « .

S’il explique ne construire que  » deux à trois maisons en bois et paille par an « , Laurent Magne précise que l’accompagnement des clients est indispensable.  » Mon objectif n’est pas d’en construire un maximum mais de faire les choses en respectant des valeurs et en choisissant mes produits.  » Une démarche qu’il privilégie à l’objectif financier.

Repères

Raison sociale : Bati-Paille Constructions
Activité : Travaux de menuiserie bois et paille
Siège social : Dirac (Charente)
Dirigeant : Laurent Magne, 56 ans
Effectif : 2 salariés
CA 2015 : NC

Commentaires

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *